Ce texte a d’abord été publié sur MokaSofa il y a quelques années, alors que j’y étais chef de sections Famille & Cie. MokaSofa héberge désormais les sites des magazines coupdepouce.com, ellequebec.com, etc.
Ne voyez pas dans mon titre quelque croustillante révélation. Cet emprunt à une chanson de Julien Clerc est un prétexte pour vous parler d’amitié et de solidarité féminine en ce 8 mars, jour de la Femme.
J’ai assisté récemment à un «souper de filles» où j’ai été une fois de plus ébahie par nos similitudes. Par ces amitiés qui nous réconcilient avec notre nature profonde, pleine de richesses et de contradictions à farfouiller dans tous les sens. Peut-être parce que j’ai baigné, avec mes cinq soeurs, dans un milieu de filles, j’y vois les bases d’une solidarité à construire davantage. Une solidarité qui fait la belle part aux hommes, non exclusive. Il y a quelques années, j’avais été choquée par le fait que les hommes n’étaient pas admis à un colloque sur l’avenir des femmes en gestion.
Mais dites-moi: combien de femmes déplorent, du même souffle, une certaine compétition insidieuse, exacerbée si un représentant du bastion mâle entre dans la pièce? Combien parlent de relations complexes parfois teintées de non-dit, alors que la transparence est une valeur qui nous est habituellement chère? Tori Amos, la chanteuse perchée sur son piano, affirmait dans une entrevue télévisée que dès qu’une femme porte du rouge à lèvres, les autres se demandent si le leur tient encore! Et c’est une femme qui dit ça! Je m’aventure peut-être en terrain miné mais, sincèrement, est-ce ainsi que les femmes vivent? Il y a pourtant tant à apprendre l’une de l’autre, à se raconter.
Faites-moi une passe! Un beau samedi de l’an dernier, j’attendais mon fils, parti se divertir à un spectacle «interdit aux parents» (encore un guetto!). Assise sur le gazon du cégep Maisonneuve, j’ai alors assisté à un étrange ballet, un rituel sportif qui m’était jusque-là inconnu: les préparatifs avant le football! Les exercices de réchauffement, le caucus, les cris de ralliement, les «theme songs»: j’étais complètement fascinée. Même impression en voyant le film Les Titans. (J’avoue que depuis la publication de ce texte, j’en sais un peu plus, mon Vincent étant maintenant dans Les Barons de St-Bruno! Go, Vincent, go!)
Je voyais là un rassemblement de gens qui partagent un objectif plus grand qu’eux. Les femmes ont en général eu peu d’occasions de ce genre. Elles participent beaucoup, cependant, à des projets communautaires. Même si je pratique peu de sports en groupe (sauf le cardio plein-air), je salue le nombre grandissant de filles membres d’équipes de hockey ou de soccer. Ce n’était pas autant le cas il y a 10 ou 15 ans.
D’autre part, nos amitiés se vivent sur le mode intime, contrairement aux hommes. Nous nous donnons des rendez-vous en tête à tête, autour d’un café ou d’un verre de vin. Nos amitiés se vivent à bras-le-corps, intenses, exigeantes, remplies de confidences. Nous nous investissons dans nos relations et avons parfois des «coups de foudre» d’amitié. Devrions-nous réfréner notre enthousiasme devant une personne qui nous allume, garder davantage nos distances? Je n’en sais trop rien. Pour ma part, je préfère me brûler les ailes à l’occasion que de passer à côté de relations enrichissantes.
Ces relations intimes ont moins leur place au travail, où l’esprit sportif a davantage la cote. Avons-nous été aussi bien préparées à jouer ce type de «game»? Ou nous a-t-on fait croire qu’il n’y a de place au sommet que pour une seule femme? Mais pire: je constate que plusieurs d’entre nous semblent le penser… C’est du moins ce que je constate quand je ressens une navrante jalousie de la part d’autres femmes. Voilà un sujet pour mon prochain… «souper de filles»!